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Les archives du Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques

Cet article vise à présenter une expérience étudiante d’un lieu non ouvert au public, ou seulement ponctuellement. Au-delà d’un compte rendu d’activités, il s’agit par ce présent article de présenter de façon succincte le Cirva et l’essence de ce qui le constitue, à travers notamment les archives, au cœur des missions de mon stage. Ce stage s’est déroulé en 2022 grâce au soutien de l’Institut SoMuM et du dispositif Tiger. Cette opportunité a été le fruit d’une collaboration entre le laboratoire TELEMMe et le Cirva.

Présentation du Cirva – L’histoire d’un haut lieu d’expérimentation du verre

Le centre de recherche international sur le verre et les arts plastique a été créé à l’initiative du ministère de la Culture sous l’impulsion de son ministre Jack Lang en 1983. L’ambition de l’implantation de ce centre d’art s’incarnait à l’origine par diverses volontés, singulièrement par l’inscription de la France comme acteur dans un renouveau du verre.

D’abord implanté aux Beaux-Arts d’Aix-en-Provence, c’est en 1986 que le Cirva s’installe à Marseille. Son importance historique s’allie à un renouveau permanent dans son rayonnement et ses ambitions. Par son accueil en résidence d’une pluralité d’artistes plasticiens, designer et autres, le Cirva est un acteur important de la scène artistique contemporaine.

Étant l’unique lieu offrant la possibilité aux artistes de travailler le matériau verre accompagnés de l’équipe de techniciens verriers, cette singularité en fait un lieu d’exception et porteur de renouveau. Il fait ainsi appel à une étroite collaboration, si ce n’est une symbiose, entre les artistes résidents et les artisans verriers. Le Cirva invite des artistes ou des designers à intégrer le verre dans leur démarche artistique lors de leur résidence, et ce, sans limite de temps ou cahier des charges défini en amont.

Qu’il fascine pour sa transparence ou pour son caractère insaisissable, le matériau verre est mis à l’honneur par le Cirva auprès d’artistes ne l’ayant jamais expérimenté. Sa collection contient près de huit cents pièces et s’accompagne d’une matériauthèque qui conserve les traces des objets pensés et élaborés, témoignant des processus de recherche et d’expérimentations des artistes.

Depuis sa création, le CIRVA a accueilli plus de 300 artistes, parmi lesquels Robert Morris, Guiseppe Penone, Erik Dietman, Pierre Soulages ou encore James Lee Byars. Il réunit une diversité d’artistes résident, qu’il s’agisse de designers ou de compositeurs.

Un lieu de résidence et de création

La création du Cirva a à l’époque un impact important. En effet, le matériau verre n’était pas un matériau de prédilection dans la sphère artistique où le conceptuel prédomine alors sur la scène contemporaine. Uniquement axé sur la création à ses débuts, la volonté de donner place à d’autres fonctions de diffusion émerge rapidement. Le Cirva se veut alors être un lieu de recherche. Lorsqu’il s’installe à Marseille en 1986, le Cirva a pour but d’être un véritable lieu de résidence pour artistes et designers n’ayant jamais travaillé avec le matériau verre. Lors d’une interview, Stanislas Colodiet, directeur du Cirva depuis 2019, déclare que :

La raison qui justifie le Cirva est la question de la recherche et le fait que ce lieu de création s’axe sur une longue temporalité de travail. Le Cirva n’est pas qu’un lieu de production puisqu’il est un centre d’art. Le but n’étant pas la réalisation d’un objet finit, mais du processus qui précède l’objet, l’idée de l’artiste et la relation avec les artisans du Cirva.

Stanislas Colodiet, conservateur, directeur du CIRVA, dialogue avec Macha Makeïeff et Hervé Castanet

Véritable laboratoire de recherche, les artistes résidents, non contraints par une limite de temps de résidence, pensent l’essence de leur projet de recherche, accompagnés des techniciens verriers qui les aident dans l’élaboration de leur projet. Ainsi, une véritable fusion des savoirs-faire s’opère entre les verriers qui sont les mains de l’artiste et ce dernier qui en est le chef d’orchestre.

L’idée, bien souvent abstraite, qui nait dans l’esprit des artistes ou au fil des échanges avec les verriers, prend forme au fil des expériences. Cet inconnu en construction est au fondement de l’expérience des artistes au Cirva. Le but premier n’est finalement pas la production d’un objet dans sa finitude et sa complexité, mais l’intérêt des résidences s’incarne dans le processus des réflexions, des recherches et des failles, d’expérimentations en amont de la réalisation aboutie.

Les archives : mémoire d’un processus de recherches et d’expérimentations

Par les différents artistes que j’ai rencontrés durant ce stage, j’ai pu découvrir différents processus d’idées et d’appréhension du matériau verre. Les artistes ont à leur disposition un nombre d’essais illimité, ce qui leur offre un certain avantage dans leur recherche. Les essais non conservés par l’artiste peuvent être gardés dans la matériauthèque, véritable témoin des expérimentations.

Les archives recensent une pluralité de typologie de documents. En passant des notes et correspondances aux croquis, ces documents permettent de considérer autrement le processus artistique des artistes. Nous pouvons ainsi y trouver des carnets de croquis, des aquarelles d’artiste, des lettres manuscrites, des photographies. Les archives sont ainsi les empreintes de la recherche artistique, des processus d’idées, témoignant des différentes étapes de la création. La publication Les cahiers du Cirva constitue également une ressource archivistique importante. En effet, ces cahiers sont le catalyseur des recherches effectuées par les artistes durant leur résidence.

Les diverses missions du stage effectué s’organisaient autour de la documentation de la collection afin de conserver les travaux et recherches effectuées par les artistes durant les résidences. Ainsi, la consultation d’un grand nombre d’archives m’a permis de me plonger dans ce qui constitue la richesse de l’histoire du Cirva, de ses résidents et des projets élaborés. La nature du document archivistique constitue la mémoire du passage d’un artiste et permet véritablement de concevoir et d’appréhender les différentes étapes de l’élaboration d’un projet. La pluralité de documents, qu’il s’agisse de correspondances, de croquis, de réflexions écrites, permettent de retracer l’histoire de l’idée, d’en comprendre l’essence et le cheminement jusqu’à l’aboutissement de l’œuvre.

Le choix de conservation d’un document en dépit d’un autre, la sélection de documents à conserver, a évolué au fil des années. Pour les archives du Cirva, nous constatons une épuration progressive de documents archivistiques en fonction des trois directions du Cirva (Françoise Guichon, Isabelle Reiher et l’actuel directeur, Stanislas Colodiet). Nous constatons que les premières directions tendent à conserver un maximum de documents de différentes typologies. Cette tendance s’atténue au fil des années au profit d’une sélection et d’une sauvegarde restreinte de typologies de documents. Ainsi, la présence dans les archives de l’intégralité des échanges effectués par mail ou annotations sur des carnets, s’efface au profit d’une documentation succincte, d’informations caractéristiques relatives aux œuvres telles que les conditions d’exposition d’une œuvre ou la conservation des croquis qui la précède, par exemple.

Plus largement, les archives du Cirva permettent de se questionner sur la présence du numérique au sein des archives. L’impression de l’intégralité d’échanges par mail se substitue au profit des seules informations nécessaires à l’œuvre et à sa pérennisation dans le cadre de futures expositions ou de consultation d’archives. La politique de conservation d’archives du Cirva s’axe sur un choix rigoureux de plusieurs critères tels que les protocoles d’exposition, les archives de la matériauthèque ou les contrats, par exemple. Une grande banque de données numériques recense un grand nombre de photographies de dessins, de croquis entre autre. De fait, ce nouveau projet de documentation de la collection élaborée par Stanislas Colodiet, permet une nouvelle mémoire des processus artistiques constituée par une sélection rigoureuse et typologique.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Fleur Galloni (1 décembre 2023). Les archives du Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques. SPLASH. Consulté le 17 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ujab


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